Archives par mot-clé : angustifolia

Une espèce pionnière héliophile des forêts mixtes ombrophiles

Araucaria angustifolia (Bertol.) Kuntze, le pin du Parana ou Pinheiro-do-Parana, est une espèce présente en Amérique du Sud, au Brésil principalement entre 500 et 1800 m d’altitude mais aussi dans le nord de l’Argentine et le Paraguay entre 500 et 2300 m. Au Brésil, il est présent dans les états du Parana, Santa Catarina, Rio Grande do Sul et Sao Paulo. Araucaria angustifolia est en particulier l’emblème de l’état du Parana. Araucaria angustifolia fait partie des espèces menacées du Brésil. Il ne subsiste actuellement que 2% des 2 milllions hectares initialement couverts par les forêts d’araucarias. Le pin du Parana se trouve sous des climats tropicaux humides, sub-tropicaux humides ou d’altitude avec des précipitations annuelles de 1400 à 2000 mm et des températures moyennes annuelles de 13°C à 22°C. apparados-da_serra_low.jpg Le pin du Parana a besoin des sols profonds, frais, bien drainés et riches en calcium et magnésium. Il croît naturellement sur des sols originaires de différentes roches, granitiques, basaltiques ou sédimentaires. Le pin du Parana est une espèce pionnière et héliophile, qui a donc besoin d’ensoleillement. Bien que l’arbre soit héliophile, la germination et la plantule ont besoin d’ombre pendant les 2 premières années de croissance. Il est en association avec des espèces des genres Podocarpus, Ocotea ou Ilex. Il constitue alors une forêt ombrophile mixte : forêt composée de résineux et de feuillus nécessitant des précipitations élevées. Podocarpus lambertii Podocarpus lambertii

Morphologie du Pin du Parana (Araucaria angustifolia)

Le pin du Parana est un arbre mesurant normalement 25 à 35 m de hauteur. Le tronc est droit et cylindrique et constitue un bois d’œuvre remarquable. L’écorce a de petites écailles et des striures horizontales. Les branches sont disposées en cycles de 4 ou 8. Elles sont horizontales et forment un plateau avec l’âge. Les feuilles sont des aiguilles persistantes, dures, pointues, de 6 cm de longueur et 1 cm de large. araucaria_urubici_low.jpg Comme d’autres espèces d’araucarias, le pin du Parana est dioïque, on distingue des pieds mâles et des pieds femelles. Les cônes mâles sont présents d’août à janvier, ils produisent le pollen, transporté par le vent. Les cônes femelles sont présents toute l’année sur les arbres de plus de 10 ans. Il faut 2 ans après la fécondation pour la maturation des cônes femelles. Les semences charnues sont constituées des ovules fécondés soudés aux écailles. Elles sont consommées par les populations locales. Chaque arbre femelle produit en moyenne 40 cônes femelles chaque année durant sa vie (plus de 200 ans). cone_femelle_low.jpg Les cônes femelles matures pèsent jusqu’à 5 kg, avec 150 semences en moyenne par kg. Les semences perdent leur capacité germinative après 120 jours. Elles sont riches en amidon (57% des réserves) et en acides aminés. —– Références -Angeli A, 2003. Araucaria angustifolia (Araucaria). Instituto de Pesquisas e Estudos Florestais. Site www.ipef.br . -Chaw SM, Zharkikh A, Sung HM, Lau TC, Li WH, 1997. Biology and Evolution Molecular phylogeny of extant gymnosperms and seed plant evolution: analysis of nuclear 18S rRNA sequences. Molecular Biology and Evolution, Vol 14, 56-68. -Setoguchi Hiroaki, Takeshi Asakawa Osawa, Pintaud J-C, Jaffré T, Veillon J-M, 1998. Phylogenetic relationships within Araucariaceae based on rbcL gene sequences. American Journal of Botany 85(11): 1507-1516.

Mardi 3 mai, les réserves particulières du patrimoine naturel (RPPN)

Avant de rejoindre Porto Alegre, nous visitons la réserve particulière du patrimoine naturel (RPPN) dont Cilon est président. Les RPPN sont des structures privées de protection du patrimoine dont le statut est reconnu par l’UNESCO. Celle de Cilon est située à Canella, à proximité de San Francisco de Paula. Elle a pour objectif la conservation de Araucaria angustifolia. Elle s’étend sur une superficie de 70 ha et se divise en un batiment administratif, un jardin potager et médicinal, le noyau de la réserve (zone de protection intégrale), la zone de protection et la zone d’amortissement ou zone tampon entre la RPPN et la la zone urbanisée. La zone tampon était initialement en friche. Elle a ensuite été plantée d’Araucarias en 1991. Cette date étant certaine nous avons pu constaté que les arbres peuvent avoir plus d’une cerne de croissance par an. Dans la RPPN, nous observons le cortège habituel d’arbres et arbustes de la Mata Atlantica : Myrtaceae, Sapindaceae, Lauraceae. Il y a en plus quelques pieds intéressants de Ilex paraguariensis ou mate, de Gochnatia arborescens, Asteraceae arborescente, de Sebastiania oppositifolia (Euphorbiaceae), de Sloaena momosperma (Elaeocarpaceae), arbre de très grande taille et une Monimiaceae à déterminer. Nous allons ensuite dans le parc municipal pour observer un pied femelle de Araucaria de 48 m de hauteur et de 8,50 m de circonférence à 1,20 m de hauteur. SSCN0686.jpg

Araucaria femelle de 48 m de hauteur

Toujours sur la route de Porto Alegre, nous voyons aussi un pied male mesurant 43 m de hauteur. Sur ce site, il y a aussi Cabralea canjarena (Meliaceae) de plus de 20 m de hauteur, Luehea divaricata (Tiliaceae). Une herbacée est présente depuis le début du séjour, une Asteraceae considerée comme une mauvaise herbe : Elephantopus mollis. Nous arrivons à Porto Alegre le soir pour prendre l’avion le lendemain.

La Mata Atlantica, une biodiversité en péril

Le biome comprend la forêt côtière atlantique sensu stricto et la forêt d’araucarias plus continentale. C’est un des centres de biodiversité les plus importants pour le Brésil et le monde entier. Elle est constituée par des forêts intérieures composées d’arbres à feuilles persistantes ou caduques (forêts semi décidues), de forêts galeries autour des fleuves et de forêts dites de pins dont l’espèce dominante est en fait Araucaria angustifolia. C’est un des biomes les plus menacés du Brésil : la surface naturelle a été réduite à moins de 5% de sa surface originale soit 52000 km² approximativement. La surface restante est occupée par des propriétaires privés pour plus de 80%, ou par de grandes métropoles telles Rio de Janeiro ou Sao Paulo. Les réserves du patrimoine naturel correspondent à moins de 4% de sa surface initiale. La dégradation de ce biome est due de l’abattage des arbres, à l’agriculture et aux reforestations trop homogènes avec des pins ou des eucalyptus. Les forêts humides deviennent de plus en plus sèches à l’intérieur des terres et sont remplacées par des associations végétales caractéristiques de la Caatinga ou du Cerrado. Des lambeaux de cette forêt sont présents à proximité de grandes villes telles que Rio de Janeiro et Sao Paulo. La biodiversité végétale est très élevée ainsi que l’endémisme. Ainsi, au sud de Bahia, il a été relevé jusqu’à 440 espèces différentes d’arbres par hectare dont plus de la moitié est endémique du Brésil. La forêt abrite aussi de nombreuses espèces animales en danger telles que le singe hurleur roux, le puma, le fourmilier géant, la loutre, le singe araignée, le tamarin lion doré ainsi que 900 espèces d’oiseaux dont 180 sont endémiques.