Le genre Araucaria a été décrit par Jussieu en 1789. Ce nom viendrait de la tribu indienne des Araucanis ou de la ville de Araucaro au sud de Santiago. Pour Araucaria angustifolia, le nom d’espèce signifie que la feuille est étroite. Le genre Araucaria est distribué en Océanie et en Amérique du Sud. Araucaria fait partie de la famille monophylétique des Araucariaceae de l’ordre des Coniferales ou Pinales. La famille comprend 3 genres : Araucaria, Agathis et Wollemia, ce dernier genre ayant été découvert en août 1994 en Australie. Araucaria est traditionnellement considéré comme une Gymnosperme archaïque car apparue il y a 200 millions d’années. Les travaux de Chaw et al. (2000) permettent de discuter cette notion car ces auteurs ne considèrent pas Araucaria et Agathis comme des Conifères primitifs. En 1952, les 19 espèces du genre Araucaria ont été classées par Wilde et Eames en 4 sections sur la base de critères morphologiques. Les études de Setoguchi et al. (1998) basées sur l’analyse moléculaire du gène chloroplastique rbcL ont confirmé cette répartition et montré la très grande homologie des espèces endémiques néo-calédoniennes indiquant une spéciation rapide et adaptative aux sols ultramaphiques de l’île. |Section Araucaria|A. araucana et A. angustifolia| |Section Bunya|A. bidwillii| |Section Intermedia|A. hunsteinii| |Section Eutacta|A. heterophylla, A. cunninghamii et 13 espèces néo-calédoniennes endémiques|
Archives de catégorie : Chroniques brésiliennes
Les avis et opinions exprimés ne seront celles de l’auteur et n’engageront ni le CCVS, ni la Réserve de Biospère de la Mata Atlântica, ni les autres membres de la mission.
Enjeux de la conservation de la biodiversité brésilienne
Le Brésil compte 20% des espèces animales et végétales du monde. Il abrite 55 espèces de primates soit 24% du total mondial, 516 espèces d’amphibiens, 3010 espèces de vertébrés vulnérables ou en danger d’extinction. Il a aussi été décrit 55000 espèces de plantes, ce qui correspond à 22% du total mondial. Le monde occidental est déjà redevable au Brésil d’un grand nombre de ses productions agricoles : – le cajoutier, Anacardium occidentale, qui donne la noix de cajou, – un palmier, Euterpe edulis, dont l’apex est utilisé pour la production de coeur de palmier, – le manioc, Manihot esculenta, Euphorbiaceae, dont les feuilles et le tubercule sont consommés dans les régions tropicales, – l’ananas, Ananas comosus, Bromeliaceae, dont le fruit complexe est consommé de par le monde, – de nombreuses espèces herbacées utilisées en plantes d’appartement dans nos régions telles que Philodendron, Araceae ou des Heliconia, Heliconiaceae, ainsi que de nombreuses Bromeliaceae ou Orchidaceae telles que Epidendrum, – des espèces utilisées dans différentes industries alimentaires (cacaoyer)ou cosmétiques (rocouyer) Cabosse de cacaoyer (Theobroma cacao, Sterculiaceae) Photographie : Sonia Bray – de très nombreux arbres, surexploités et en voie de disparition, dont le bois est utilisé pour l’ébénisterie ou la construction, – l’hévéa, Hevea brasiliensis, Euphorbiaceae dont le latex après vulcanisation donne un caoutchouc aux nombreuses utilisations économiques… Récolte du latex sur Hevea brasiliensis, Euphorbiaceae Photographie : Sonia Bray Le gouvernement brésilien conscient des risques pesant sur la biodiversité animale ou végétale a depuis plusieurs années mis en œuvre des actions pour freiner ou inverser cette tendance. Des lois protégeant les espèces et les habitats ont été votées et des réserves de protection du patrimoine naturel ont été créées. L’IBAMA, Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis, est l’organisme gouvernemental chargé de l’application de ces lois, en particulier, de la Convention sur la Biodiversité de Rio. —- Site en brésilien de IBAMA, Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis
Cartes des régions du Brésil
La mission s’est déroulé dans les régions Sud et Sud Est du Brésil, soit sur 3 états : São Paulo, Parana et Rio Grande do Sul. Nous sommes arrivés et repartis de la ville de São Paulo située à 10 000 km de Paris. —- —-
Mardi 3 mai, les réserves particulières du patrimoine naturel (RPPN)
Avant de rejoindre Porto Alegre, nous visitons la réserve particulière du patrimoine naturel (RPPN) dont Cilon est président. Les RPPN sont des structures privées de protection du patrimoine dont le statut est reconnu par l’UNESCO. Celle de Cilon est située à Canella, à proximité de San Francisco de Paula. Elle a pour objectif la conservation de Araucaria angustifolia. Elle s’étend sur une superficie de 70 ha et se divise en un batiment administratif, un jardin potager et médicinal, le noyau de la réserve (zone de protection intégrale), la zone de protection et la zone d’amortissement ou zone tampon entre la RPPN et la la zone urbanisée. La zone tampon était initialement en friche. Elle a ensuite été plantée d’Araucarias en 1991. Cette date étant certaine nous avons pu constaté que les arbres peuvent avoir plus d’une cerne de croissance par an. Dans la RPPN, nous observons le cortège habituel d’arbres et arbustes de la Mata Atlantica : Myrtaceae, Sapindaceae, Lauraceae. Il y a en plus quelques pieds intéressants de Ilex paraguariensis ou mate, de Gochnatia arborescens, Asteraceae arborescente, de Sebastiania oppositifolia (Euphorbiaceae), de Sloaena momosperma (Elaeocarpaceae), arbre de très grande taille et une Monimiaceae à déterminer. Nous allons ensuite dans le parc municipal pour observer un pied femelle de Araucaria de 48 m de hauteur et de 8,50 m de circonférence à 1,20 m de hauteur.
Araucaria femelle de 48 m de hauteur
Toujours sur la route de Porto Alegre, nous voyons aussi un pied male mesurant 43 m de hauteur. Sur ce site, il y a aussi Cabralea canjarena (Meliaceae) de plus de 20 m de hauteur, Luehea divaricata (Tiliaceae). Une herbacée est présente depuis le début du séjour, une Asteraceae considerée comme une mauvaise herbe : Elephantopus mollis. Nous arrivons à Porto Alegre le soir pour prendre l’avion le lendemain.
La Mata Atlantica, une biodiversité en péril
Le biome comprend la forêt côtière atlantique sensu stricto et la forêt d’araucarias plus continentale. C’est un des centres de biodiversité les plus importants pour le Brésil et le monde entier. Elle est constituée par des forêts intérieures composées d’arbres à feuilles persistantes ou caduques (forêts semi décidues), de forêts galeries autour des fleuves et de forêts dites de pins dont l’espèce dominante est en fait Araucaria angustifolia. C’est un des biomes les plus menacés du Brésil : la surface naturelle a été réduite à moins de 5% de sa surface originale soit 52000 km² approximativement. La surface restante est occupée par des propriétaires privés pour plus de 80%, ou par de grandes métropoles telles Rio de Janeiro ou Sao Paulo. Les réserves du patrimoine naturel correspondent à moins de 4% de sa surface initiale. La dégradation de ce biome est due de l’abattage des arbres, à l’agriculture et aux reforestations trop homogènes avec des pins ou des eucalyptus. Les forêts humides deviennent de plus en plus sèches à l’intérieur des terres et sont remplacées par des associations végétales caractéristiques de la Caatinga ou du Cerrado. Des lambeaux de cette forêt sont présents à proximité de grandes villes telles que Rio de Janeiro et Sao Paulo. La biodiversité végétale est très élevée ainsi que l’endémisme. Ainsi, au sud de Bahia, il a été relevé jusqu’à 440 espèces différentes d’arbres par hectare dont plus de la moitié est endémique du Brésil. La forêt abrite aussi de nombreuses espèces animales en danger telles que le singe hurleur roux, le puma, le fourmilier géant, la loutre, le singe araignée, le tamarin lion doré ainsi que 900 espèces d’oiseaux dont 180 sont endémiques.