D’où vient cette matière inflammable, l’amadou, utilisée depuis la préhistoire ? Elle est tirée de l’amadouvier. Mais encore ! L’amadouvier est le nom familier donné à un champignon polypore non comestible mais non toxique (Fomes fomentarius) qui pousse, en parasite, sur les troncs de feuillus vivants ou morts comme le chêne et le peuplier, mais aussi sur le frêne, le saule et le hêtre. ——- Amadouvier (Fomes fomentarius) ——— Il a la forme d’un sabot de cheval gravé de sillons concentriques formant entre eux des bourrelets qui s’amincissent avec l’âge ; sa taille peut devenir impressionnante puisque l’on trouve des spécimens atteignant 50 centimètres de diamètre ! Une coupe transversale de ce polypore montre la présence d’une croûte, qui durcit avec le temps, sous laquelle on trouve la chair, douce au toucher, dont la consistance a celle de la ouate et d’où l’on tire l’amadou ; à la face inférieure, en couches superposées, se distinguent des tubes s’ouvrant par des pores très petits, ronds, de 2 à 3 mm, souvent obstrués par une matière blanchâtre. ——- Coupe transversale de l’amadouvier. 1 : croûte dure ; 2: chair ou trame (amadou) ; 3: tubes. —– L’amadou a été utilisé à la fin de la préhistoire pour produire du feu ; les hommes de cette époque l’amorçaient grâce à des étincelles provenant de la percussion d’un morceau de pyrite contre une roche dure (silex) qu’ils dirigeaient sur un morceau d’amadou qui se consumait alors et qui était tout à fait capable d’enflammer de petites brindilles bien sèches. Ces étincelles n’entraînent pas systématiquement la combustion lente de l’amadou ; ce dernier doit être traité au préalable et mis ensuite à l’abri de l’humidité. On ne saurait reproduire ici les opérations délicates qui sont nécessaires à sa fabrication ; on comprendra mieux pourquoi ce produit est si cher ! Sur le site www.futura-sciences.com, consacré à l’amadouvier, on trouvera un excellent article sur la préparation de l’amadou écrit par Bertrand Roussel et son équipe. Outre sa possibilité de s’enflammer facilement, l’amadou connaît ou a connu d’autres usages : il a servi à la fabrication de vêtements, de pansements grâce à son effet hémostatique dû à sa texture et de mèche pour les artificiers. Citons, pour finir, les briquets à amadou remplacés aujourd’hui par des briquets à essence.
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Arum (Arum italicum, Araceae, Arales)
Les noms communs des arums sont le gouet ou pied-de-veau pour Arum maculatum. Zantedeschia aethiopica, originaire d’Afrique du Sud, espèce fréquemment plantée dans nos jardins, est aussi communément appelée arum. Arum serait le nom d’origine égyptienne désignant ces plantes. Il aurait été repris par les Grecs (aron) puis les Romains qui nous l’auraient finalement transmis. Les arums sont des espèces vivaces, herbacées, à feuilles sagittées ou hastées. ——- Feuille de Arum italicum. —– Les arums possèdent l’inflorescence caractéristique des Araceae. Des fleurs réduites, sans périanthe, enfoncées dans un axe charnu. L’inflorescence est nommée spadice. Les fleurs sont unisexuées (mâles ou femelles) ou stériles. Le spadice est entourée d’une bractée, souvent colorée, la spathe. ——— Inflorescence de Arum italicum. spt : spathe ; spd : spadice ; amp : ampoule formée par la spathe. ——- La pollinisation chez les arums est très particulière.Les insectes sont attirés par l’odeur du spadice dont, seules les fleurs femelles sont fonctionnelles dans un premier temps (protogynie). Les appendices des fleurs stériles piègent les insectes dans l’ampoule formée par la base de la spathe : ils pollinisent alors les fleurs femelles fertiles. —– Disposition des fleurs dans le spadice de Arum italicum. Photographie et légende : Alexandre Bray —— Après cette pollinisation croisée (allopollinisation), les fleurs mâles deviennent fertiles, les appendices des fleurs stériles femelles se flétrissent, les insectes se chargent de pollen. Quand les appendices des fleurs mâles stériles se flétrissent à leur tour, ils peuvent quitter la spathe qui les piégeaient pour polliniser une autre plante. Ce type de pollinisation croisée obtenue par protogynie couplée à un piégeage des insectes se retrouve aussi chez Aristolochia clematitis. Les inflorescences ont les mêmes formes (convergence morphologique) et le même fonctionnement (convergence physiologique) alors que les 2 taxons n’ont aucune parenté (convergence hétéroplastique). Les convergences hétéroplastiques sont fréquentes dans le monde végétal.
Gesse (Lathyrus odoratus & sylvestris, Fabaceae, Fabales)
Le nom scientifique, Lathyrus, vient du mot grec pois. Les gesses sont des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, grimpantes par des vrilles généralement ramifiées et formées à partir de la dernière paire de folioles. Les tiges sont anguleuses ou ailées. Les fleurs sont à corolle papilionacée constituée de 5 pétales libres : l’étendard en position supérieure, les 2 ailes latérales et la carène en position inférieure constituée de 2 pétales. —— Lathyrus sylvestris —— Les feuilles sont paripennées avec de 1 à plusieurs paires de folioles à nervures pennées ou parallèles. Elles sont parfois réduites à une vrille (Lathyrus aphaca). La vrille terminale est parfois absente (Lathyrus linifolius, Lathyrus palustris). Chez Lathyrus nissolia, des phyllodes à nervures parallèles sont présentes. Les stipules sont de taille et de forme variables. Le style est pubescent sur la face supérieure. Sur le pourtour méditerranéen, les gesses sont utilisées comme fourrage (Lathyrus cicera, Lathyrus clymenum) mais la consommation des semences peut conduire à une paralysie des jambes. Certaines espèces méditerranéennes (Lathyrus tuberosus) fournissent des tubercules comestibles. Lathyrus tingitanus est plantée en fourrage vert. Les gesses sont aussi des plantes d’agrément. Le pois de senteur (Lathyrus odoratus) est certainement l’espèce la plus connue du public. ——- Lathyrus odoratus. a: vue générale de la fleur papilionacée ; b : calice ; c : vue de face montrant l’étendard (flèche) ; d et d : les 2 ailes ; e : la carène ; f : les 10 étamines soudées par leur base ; g : les étamines entourant le style ; h : détail d’une anthère avec les grains de pollen ; i : le style qui se termine par le stigmate ; h : gousse mûre. Illustrations originales de Gérard Samson. ——- Cette espèce a été utilisée par Gregor Mendel (1822-18884) pour ses études sur la transmission héréditaire des caractères. Comme son nom spécifique l’indique, elle est devenue subspontanée en France mais elle est cultivée depuis l’Antiquité en Crète, en Sicile et le Sud de l’Italie pour son parfum. Les gesses ressemblent aux vesces mais s’en distinguent souvent par une tige anguleuse ou ailée et des feuilles à nervures parallèles. —– Voir une fleur de Genêt (Genista) ——
Acanthe (Acanthus, Acanthaceae, Dipsacales)
Les acanthes sont des plantes herbacées pérennes. Les feuilles sont en rosette, quelques unes sont disposées sur la tige, en position alterne ou opposée. Elles sont simples, à nervures pennées, profondément lobées. —— Feuille d’acanthe. Photographie : Gérard Samson ——– Les fleurs sont blanchâtres, à nervures purpurines, très grandes (de 3 à 5 cm de long), sessiles, disposées en épis terminaux, munies de bractées épineuses. —— Fleurs d’acanthe disposées en épi. Photographie : Gérard Samson. ——– Les bractées épineuses sont de 2 tailles : 1 grande bractée ( dessin a de la planche ci-dessous); 2 petites bractéoles linéaires : a’). Le calice est constitué de 4 sépales inégaux : 2 petits latéraux (c et c’) ; 2 grands, l’un inférieur (d), l’autre supérieur (d’). Les sépales sont soudés à leur base et sont accrescents au fruit. La corolle est réduite à une lèvre inférieure à 3 lobes (e), la lèvre supérieure étant absente. —— Morphologie florale de l’acanthe. a : bractée ; b et b’ : bratéoles ; c et c’ : sépales ; d et d’ : sépales ; e : lèvre inférieure de la corolle ; f : étamine ; g : étamines soudées par paires ; h : pistil. Illustrations originales de Gérard Samson. ——— Les filets des étamines sont libres (f) mais les anthères uniloculaires sont soudées par paire (h). L’ovaire est supère, le style est unique, le stigmate est bifide (g). Le genre est aisément reconnaissable par le port des plantes, la forme des feuilles, les bractées épineuses et la morphologie florale. En France, il y a une seule espèce, Acanthus mollis, présente sur le pourtour méditerranéen.
Distillation des huiles essentielles
Les plantes aromatiques contiennent des essences odorantes enfermées dans la fleur, les racines, les feuilles, les résines des arbres. Ces essences parfumées sont contenues soient dans des cellules sécrétrices spécialisées soit dans des canaux laticifères. Les plantes sont placées sur une grille à l’intérieur d’un alambic. Elles peuvent être initialement préparées : hachage, rabotage des écorces, tri des organes les plus concentrés en essences… L’eau chauffée se transforme en vapeur d’eau qui traverse alors le matériel végétal en entraînant les molécules aromatiques. La vapeur d’eau s’échappe de l’enceinte fermée par un serpentin qui est refroidi soit par l’air soit par de l’eau circulant en sens inverse dans un cylindre contenant le serpentin. La vapeur d’eau se refroidissant se condense en un mélange eau et essences végétales récupéré dans un vase de décantation ou essencier. Distillation pour l’extraction des essences végétales et l’obtention des huiles essentielles. (1) : l’eau est chauffée sous pression et transformée en vapeur dans la chaudière ; (2) : le matériel végétal est déposé dans le vase à plantes ; (3) : serpentin baignant dans un liquide réfrigérant pour la condensation du distillat ; (4) : les huiles essentielles sont séparées de l’eau plus dense qu’elles. La séparation eau et essences végétales s’effectue par simple différence de densité, ces dernières étant plus légères que l’eau. Les huiles essentielles peuvent ensuite être raffinées et les différentes molécules séparées par distillation sous vide. Les solutions obtenues sont alors pures ou pratiquement pures. Ce procédé est toujours utilisé à Grasse pour distiller la lavande, la sauge, le basilic. Pour obtenir un kilo d’essence pure, il faudra distiller : entre 4000 kg et 10000kg de pétales de roses, 1000 kg de fleurs d’oranger, 600 kg de géranium, 500 kg de fleurs de camomille, 330 kg de feuilles de patchouli ou 125 à 175 kg de lavande.