Jean Bauhin, père, est né en août 1511 à Amiens et décéda à Bâle en janvier 1582. Fils de médecin il apprit la chirurgie chez son oncle à Paris. Ayant embrassé la Réforme, la Reine Marguerite de Navarre, sa patiente et sa protectrice, lui conseilla de fuir la France alors qu’il allait être exécuté pour hérésie. Avec sa femme et son fils Jean il gagna Anvers puis Bâle où il devint le médecin des émigrés néerlandais persécutés pour leur foi. Bauhin fut reçu en 1575 comme membre extraordinaire de la faculté de médecine de Bâle. Jean Bauhin, l’aîné, naquit à Bâle en décembre 1541. Comme son père la médecine l’intéressa ; il fit ses études à Bâle, à Tübingen (Allemagne), à Montpellier, à Padoue (Italie) et obtint son diplôme de docteur ce qui lui permit d’exercer à Lyon, où il soigna les pestiférés, puis à Genève. Lors de son séjour à Tübingen il étudiera la botanique en compagnie de Léonhart Fuchs et à Zurich avec Conrad Gessner. Lors de son passage à Lyon il fera la connaissance de Jacques Daléchamps qui l’aidera dans ses recherches botaniques. Mais pour échapper aux persécutions religieuses il doit quitter la France et se réfugier à nouveau en Suisse. C’est alors qu’il accompagne Conrad Gessner dans ses herborisations en Suisse avant de s’installer à Bâle où il exercera la médecine. En 1570 il est appelé à Montbéliard au titre de médecin personnel du duc de Wurtemberg. Jean Bauhin sera le premier à cultiver la pomme de terre soit deux siècles avant Parmentier (elle avait d’abord été plantée dans le jardin botanique de Bâle et s’était répandue peu à peu dans les cantons de l’ouest de la Suisse pour passer ensuite en Franche-Comté, en Bourgogne et dans le Dauphiné). On lui doit également la création, sur le domaine du Charmontet, d’un jardin botanique pour répondre au besoin d’acclimater et de cultiver les plantes rapportées par les explorateurs. Son ouvrage majeur, qui ne fut publié qu’après sa mort survenue en 1613, est son Historia Plantarum universalis, une compilation et une description systématique du monde végétal. Cet ouvrage décrit plus de 5000 plantes et comporte plus de 3500 illustrations, la plupart empruntées à Fuchs. Il a également fait, avec Andrea Cesalpino (1519 – 1603), une classification des plantes. Gaspard Bauhin est né à Bâle en janvier 1560. Initié à la botanique par son frère aîné Jean et à l’anatomie par son père, il fit des études de médecine à Bâle, Padoue, Bologne, Montpellier, Paris et Tübingen ; elles seront couronnées par un diplôme de docteur en médecine qui lui permettra d’exercer à Bâle en 1581. Professeur de grec à l’université de ladite ville en 1582 il y occupera, en 1589, la chaire d’anatomie et celle de botanique nouvellement créée. Ses travaux, dans ce dernier domaine, lui assureront une durable renommée ; son Pinax Theatri Botanici, publié en 1671, inventorie 2700 espèces dont la première description précise de la pomme de terre classée avec justesse dans la famille des Solanacées. Dans un autre ouvrage Bauhin décrit 6000 espèces, fruit de quarante ans d’observation et orné de 400 figures sur bois. Il réalise plusieurs flores des environs de Bâle et met en chantier un grand projet Theatrum Botanicum qui devait compter 12 volumes mais il n’en terminera que trois. Gaspard Bauhin ne se contente pas de reprendre et de commenter les anciens textes : il propose une ébauche de classification, certes imparfaite, mais qui rompt avec le système alphabétique. Il propose un nom court, souvent constitué de deux mots qui préfigurent le système binomial de Linné. Le recensement de nouvelles plantes rendaient d’ailleurs ce classement nécessaire. Il faut savoir que jusqu’alors les plantes étaient réparties en fonction de leur taille, du lieu où elles poussaient ou de leur ressemblance. Gaspard est mort à Bâle en octobre 1624. Comme le souligne un auteur, ces deux illustres frères ont plus fait, à eux seuls pour le progrès de la Botanique, que tous les autres ensemble qui les ont précédés et même suivis jusqu’à Joseph Pitton de Tournefort (1656 – 1708). Ce furent des hommes rares, dont le savoir immense et les solides travaux consacrés à la Botanique, les rendent dignes de l’immortalité qu’ils leur ont acquise. Car tant que cette science naturelle ne tombera pas dans l’oubli, les noms de Jean et Gaspard Bauhin vivront avec elle dans la mémoire des hommes. Ils entreprirent l’un et l’autre d’y joindre une synonymie, c’est à dire une liste exacte des noms que chacune d’elles portait dans tous les auteurs qui les avaient précédés. Ce travail devenait nécessaire pour qu’on pût profiter des observations de chacun d’eux, car sans cela il devenait presque impossible de suivre et démêler chaque plante à travers tant de noms différents. Le genre Bauhinia est caractérisé par des feuilles simples bilobées qui font référence aux deux frères Bauhin unis par la même passion pour la Botanique. Feuille de Bauhinia madagascariensis Photographie : Jean-Bernard Beaufils Feuille de bauhinia grimpant (Iguaçu, Brésil, 2005)